Martin Aurell propose dans sa belle étude une nouvelle vision de la chevalerie médiévale, qui se définit par la facilité à manier la plume aussi bien que l'épée. L'auteur nous entraine loin des champs de bataille et des tournois sanguinaires, dans un univers plus velouté et très peu exploré à ce jour, celui des chevaliers écrivains et lecteurs, dont la noblesse repose sur le raffinement et l'esprit. Après avoir déjà montré dans la Vielle et l'épée (Paris, 1986) la double dimension des troubadours, à la fois artistes et guerriers, Martin Aurell passe la chevalerie au crible de la literacy et isole l'un de ses traits fondamentaux, l'appétence pour la culture et le prestige qu'elle en tire. Le style limpide par lequel le médiéviste rencontre le guerrier lettré qu'il traque au fil des siècles à travers les cours européennes fait un régal de la lecture de ce livre.

Catalina Gîrbea